Pourquoi on a tant de mal Ă  mettre en place des systĂšmes ?

Je te dessine le tableau : on est dimanche, tu viens de recevoir TIPSTEM, et tu te dis que ce serait vraiment pas mal d’essayer de mettre en place le systĂšme que je te propose.

GĂ©nial.

Sauf que sur la durĂ©e, ça ne tient pas. Parfois, t’arriveras mĂȘme pas Ă  faire la premiĂšre Ă©tape.

Le problÚme ne vient pas forcément de toi.

Enfin…

Ce n’est pas juste une question de volontĂ©.

C’est parfois ton cerveau qui te joue des tours.

Ces tours, la littérature scientifique les appelle « biais cognitifs ».

Ce sont comme des illusions d’optique qui nous empĂȘchent de raisonner clairement et vont influencer la maniĂšre dont on prend nos dĂ©cisions.

On va se focaliser sur 5 d’entre-eux :

  • l’erreur fondamentale d’attribution
  • le biais de confirmation
  • le biais de gĂ©nĂ©ralisation
  • le biais de focalisation
  • le biais de la tĂąche aveugle

1. L’erreur fondamentale d’attribution

Ce biais cognitif est celui qui nous pousse Ă  attribuer tout comportement, toute action ou prise de position une explication liĂ©e d’abord Ă  la personnalitĂ©, en ignorant le contexte.

Quelqu’un te dĂ©passe Ă  200 Ă  l’heure sur l’autoroute ? C’est un malade (pour rester poli)

On ignore le contexte parce qu’on prĂ©fĂšre sauter aux conclusions pour agir vite et ne pas s’encombrer d’analyses laborieuses et inutiles.

Sauf que…

Peut-ĂȘtre que la personne derriĂšre le volant est en fait un flic en civil qui poursuit un suspect, ou une femme enceinte qui vient de perdre les eaux et qui se dĂ©pĂȘche de rejoindre la sortie la plus proche…

Il t’est certainement arrivĂ© de te dire, Ă  propos d’un associĂ©, d’un client ou mĂȘme d’un ami :

Il est vraiment trop nul / dĂ©bile / arrogant / lourd (j’te laisse rayer la mention inutile – liste non exhaustive…)

En faisant ça tu choisis d’ignorer le contexte qui a conduit Ă  ce comportement ou cette prise de position (personne ne naĂźt nul, dĂ©bile, arrogant, etc.)

De la mĂȘme maniĂšre, tu peux avoir retournĂ© contre toi ce biais cognitif en prenant personnellement les remarques, les critiques et les Ă©checs sur lesquels tu buttes de temps en temps.

Il se peut mĂȘme que tu te dises que ça a toujours Ă©tĂ© comme ça…

2. Le biais de confirmation

Quand tu regardes dans le passĂ©, il est probable que tu aies gardĂ© en mĂ©moire toutes ces fois oĂč tu as essayĂ© mais oĂč ça n’a pas marchĂ©.

Sauf que notre mĂ©moire est sĂ©lective. On ne garde que ce qu’on considĂšre ĂȘtre le strict nĂ©cessaire.

C’est lĂ  qu’entre en scĂšne le biais de confirmation : on ne va percevoir de notre rĂ©alitĂ© que ce qui vient confirmer une croyance qui est dĂ©jĂ  ancrĂ©e dans notre mĂ©moire.

T’as le sentiment d’avoir toujours Ă©tĂ© nul(le) pour tenir tes rĂ©solutions ?

Tu ne te souviens probablement que des fois oĂč tu as laissĂ© tomber.

Autrement dit : toutes les autres fois, celles oĂč ça a tenu, celles oĂč t’es allĂ©(e) au bout de l’effort, t’auras tendance Ă  les passer sous silence (mentalement).

C’est un peu comme dans la file d’attente.

Il t’est dĂ©jĂ  arrivĂ© d’ĂȘtre dans la file la plus longue ?

Tout le temps ?

Hum…

C’est peut-ĂȘtre qu’à chaque fois (et il y en a eu) que tu as Ă©tĂ© dans une file “normale” tu t’es pas arrĂȘtĂ©(e) pour dire “waaahouu, t’as vu comme elle avance normalement cette file !!?”

3. Le biais de généralisation

Si le biais de confirmation nous renvoie dans le passĂ©, le biais de gĂ©nĂ©ralisation a un impact sur la maniĂšre dont on perçoit le prĂ©sent et dont on imagine l’avenir.

Comme chaque ĂȘtre humain sur cette planĂšte, il suffit qu’il te soit arrivĂ© quelque chose de dĂ©sagrĂ©able deux ou trois fois de suite pour que tu te dises que ce sera toujours comme ça Ă  l’avenir.

Tes deux derniĂšres missions Ă©taient particuliĂšrement stressantes ? Toutes les missions que tu signeras Ă  l’avenir le seront.

Alors bon, d’accord, il se peut qu’il y ait un certain nombre de missions pourries. Mais de lĂ  Ă  dire qu’elles le seraient toutes

Tu l’auras compris, le biais de gĂ©nĂ©ralisation t’empĂȘche d’imaginer l’avenir autrement qu’avec les donnĂ©es du prĂ©sent. Or, comme Ă  l’instant prĂ©sent t’es dĂ©jĂ  sous l’influence des autres biais (et notamment l’erreur fondamentale d’attribution et le biais de confirmation) alors il se peut que tu ne soies pas capable d’envisager un avenir plus doux, plus lĂ©ger, plus serein.

Si c’est le cas, alors rassurez-vous : c’est NOR-MAL. C’est ce qui fait de toi un ĂȘtre humain. C’est ce qui a amenĂ© Daniel Kahneman Ă  thĂ©oriser les biais cognitifs : on ne peut pas tout percevoir et tout analyser. Loin de lĂ .

Il semblerait mĂȘme que, sous l’influence de ces 3 biais et de plus de 175 autres, on ne puisse percevoir vraiment que 1% de notre environnement.

4. Le biais de focalisation

Sur une vision à 360°, 1% représente 3,6°.

C’est Ă  peine plus que la moitiĂ© de l’angle d’une minute sur une montre ou une horloge.

Autant dire : pas Ă©norme.

Pour l’illustrer tu connais peut-ĂȘtre de l’histoire de Joshua Bell, ce violoniste virtuose qui a participĂ© Ă  une expĂ©rience du Washington Post et qui a jouĂ© une heure dans le mĂ©tro dĂ©guisĂ© en « hobo » de 8h Ă  9h du matin.

Pour rappel : 1000 personnes sont passĂ©es devant lui. Seule une s’est arrĂȘtĂ©e, parce qu’elle l’avait reconnu.

Les seules autres qui voulaient s’arrĂȘter Ă©taient les enfants, qui Ă©taient tirĂ©s par la manche par les adultes avec qui ils Ă©taient, et qui semblaient tous pressĂ©s d’arriver sur le quai pour prendre leur mĂ©tro.

Les chercheurs se demandaient si on Ă©tait capable de reconnaĂźtre ce qui est beau si ce n’est pas placĂ© dans le bon contexte. Mais l’exemple des enfants nous a fait nous poser la question autrement :

Si parce qu’il est 8h du matin vous ĂȘtes capable de passer Ă  cĂŽtĂ© de l’un des meilleurs musiciens au monde en train de jouer les plus beaux airs jamais composĂ©s dans l’histoire de l’humanitĂ© sans mĂȘme le remarquer, Ă  cĂŽtĂ© de combien d’autres merveilles vous passez tous les jours ?

On ne peut pas tout voir.

Ce sur quoi tu choisis de poser ton regard va façonner ta réalité.

Et c’est bien ce qui fait de toi ton pire ennemi…

5. Le biais de la tĂąche aveugle

Un p’tit dernier pour la route : le biais de la tĂąche aveugle.

Cette illusion assez ironique fait qu’on est trĂšs douĂ©s pour repĂ©rer les biais chez les autres, mais qu’on n’arrive absolument pas Ă  les voir chez soi.

Si ça se trouve, depuis tout Ă  l’heure, tu te dis que non, toi, ça ne t’arrive jamais d’ĂȘtre influencĂ©(e) par le biais de confirmation ou le biais de gĂ©nĂ©ralisation…

Alors laisse-moi juste te dire un truc : des centaines d’études universitaires et scientifiques sont rĂ©alisĂ©es chaque annĂ©es sur le thĂšme “qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux”.

Toutes ces Ă©tudes varient selon leur durĂ©e, le type de personnes observĂ©es, les mĂ©thodes d’analyse, etc.

Mais il y a une donnĂ©e qui ne change jamais : notre bonheur Ă  long terme ne dĂ©pend des circonstances extĂ©rieures qu’à hauteur de 10%…

Ce qui veut dire que 90% de ce qui nous rend heureux ne vient pas de “ce qui nous arrive”, mais de la façon dont nous le percevons.

Ça vient de la petite voix qui nous dit “tiens tu devrais regarder / Ă©couter ce musicien”.

Cette petite voix, on peut la contrîler. On peut lui faire dire ce qu’on veut.

Alors bien sĂ»r, si on ne croit pas une seconde Ă  ce qu’on lui fait dire, ça ne risque pas de porter ses fruits (on peut mentir 1000 fois Ă  1 personne… mais on ne peut pas se mentir Ă  soi-mĂȘme… enfin pas mille fois).

En revanche, si on arrive à y croire, elle (cette petite voix) peut avoir un pouvoir quasi prophétique.

Tout dĂ©pend donc du rĂ©cit que tu vas choisir de te faire Ă  toi-mĂȘme.

EpictĂšte disait :

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les Ă©vĂ©nements, mais les jugements qu’ils portent sur les Ă©vĂ©nements.

Alors choisis de porter un nouveau regard sur toi, ta volontĂ©, les fondations de ton quotidien… et rejoins-nous pour changer tout ça, un systĂšme Ă  la fois 😉